vendredi 14 février 2014

Vécu... Chronique hospitalière - Christèle Aubry

Convalescence, repos à la maison, temps qui s'étire.
Une intervention cette semaine en ambulatoire et quelques pensées qui s'invitent autour de cet extrait de vie...
7h00 du mat, j'ai des frissons...
Seule dans le hall désert, sous la lumière blafarde, je guette, fébrile, l'affichage du numéro que je viens de retirer au guichet. Surréaliste car il n'y a d'autres vies que la mienne et je ne risque pas de griller la politesse à quiconque, mais c'est le règlement.

La personne à l'accueil est encore en mode automatique, j'écoute et suis les instructions.
Direction le premier étage, accueil chaleureux au bureau des infirmières.
Pas le temps de fléchir, passage aux toilettes, installation dans la chambre pour revêtir la camisole du parfait candidat au bistouri : Charlotte sur la tête, chausses aux pieds, tunique en papier tissé attachée dans le dos comme chez le coiffeur. Et nue comme un ver dessous, là je me sens soudain vulnérable, je viens de quitter le monde des bien portants pour quelques heures.

Le brancardier arrive, jovial, attentionné, je m'allonge, me laisse emmaillotée et emportée, le regard aspiré par le plafond blanc qui défile.
J'entends les portes battantes, entrée dans le saint des saints, le bloc opératoire.
Ça bourdonne comme dans une ruche. J'apercois autour de moi d'autres compagnons d'infortune. Un homme en blouse blanche me demande obligeamment si j'ai froid, ce qui est le cas. Il me recouvre d'une grande feuille dorée, je brille de mille feux, une sirène, glisse son collègue, j'ai bien chaud.
Une femme douce et attentive s'approche, elle se méprend sur le chirurgien qui va opérer, petit moment de panique... Ne vous trompez pas surtout, ne m'enlevez pas quelque chose qui n'est pas prévu !... Elle rit, moi aussi. En fait, j'ai totalement confiance. Elle me pose la perfusion avec fermeté. Retour à la réalité. On n'est pas là pour rigoler.
Nouvelle déambulation en carrosse. J'arrive au plateau où est installé le fameux robot qui va œuvrer à l'ablation de ma vésicule récalcitrante. Scène digne de Star Wars. Je suis soulevée et posée les bras en croix sous une lampe tentaculaire. J'ai les pieds dans des étriers, ils sont quatre ou cinq à s'affairer autour. C'est hautement suggestif cette histoire... A côté, Lars von Trier et Charlotte, c'est du flan.
Un petit coup de masque, et hop, le néant...
Place aux experts.
Merci à vous, obscurs hospitaliers qui m'avez accompagnée cette journée, c'etait ni trop, ni pas assez.
C'etait juste.